Un Chancelier sceptique face à la taxation de voitures chinoises

Allemagne/Chine/UE – Pour pouvoir rester à la tête de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen tente d’apparaître comme la protectrice de l’économie du Vieux Continent et elle n’a rien trouvé de mieux que de proposer une taxation sur les voitures importées de Chine. Dès le mois de juillet celles fabriquées par BYD et SAIC devraient se voir frapper par une taxe de 17,4% , cette dernière pouvant s’élever à 38,1% pour les véhicules produits par Geely et SAIC.

Ursula von der Leyen met le doigt dans une affaire extrêmement sensible.

Ursula von der Leyen reproche en effet à la Chine de subventionner à outrance son industrie automobile pour s’arroger des parts de marché à l’extérieur de ses frontières. Sa proposition, foncièrement populiste, a été prise sans aucune consultation auprès des premiers concernés en l’occurrence les constructeurs automobiles européens et notamment allemands qui sont unanimes en considérant la décision bruxelloise comme contre-productive voire foncièrement dangereuse. En bons technocrates, les conseillers de von der Leyen se sont aperçus que le nombre de véhicules en provenance de Chine nouvellement immatriculés en Allemagne avait, en 2023, augmenté de 47,6% par rapport à 2022 mais à aucun d’entre eux il n’est venu à l’idée de comparer le nombre réel de vente de véhicules chinois ( 33.699 unités) au volume global de voitures écoulées qui s’est élevé sur cet exercice à plus de 2,7 millions. La comparaison entre ces deux données chiffrées suffit à prouver que la sur-taxation des véhicules chinois non seulement ne rapportera pratiquement rien aux caisses de l’Etat mais qu’au contraire elle risque d’exacerber la concurrence sur d’autres produits que la Chine importe d’Europe et qu’elle pourra à tout moment elle-aussi surtaxer.

Stefan Hartung s’oppose à toute forme de taxation. 

Une dangereuse réaction en chaîne

Au nom d’un pseudo-soutien à l’économie européenne, Ursula von der Leyen a créé les bases d’une guerre commerciale, dont chacun sait qu’elle sera défavorable à l’Europe. Si les instances européennes persistent sur cette voie, rien n’empêchera la Chine de s’orienter vers d’autres territoires. La décision d’Ursula von der Leyen est contestée dans le pays même dont elle est originaire et plus particulièrement par le Chancelier Olaf Scholz qui a profité du 125ième anniversaire d’Opel qui a eu lieu récemment à Rüsselsheim, pour rappeler que le protectionnisme et les barrières douanières « finissent toujours par l’augmentation des coûts et la réduction de la prospérité de tous ». Le chef de gouvernement allemand reste convaincu que les efforts entrepris dans l’innovation permettront aux entreprises allemandes de rivaliser équitablement avec leurs concurrentes y compris les chinoises. Le responsable du commerce extérieur au sein de la Chambre de Commerce et d’Industrie allemande, Volker Treier, estime pour sa part que la décision de la Commission Européenne risque d’avoir l’effet inverse de celui recherché. Dans un communiqué, il déclare que « « . D’une part elle va affecter les constructeurs automobiles allemands implantés en Chine, d’autre part, les contre-mesures déjà annoncées par Pékin créent de nouvelles barrières commerciales. Selon Treier, le meilleur moyen de déjouer la concurrence chinoise consiste en la recherche de marchés ouverts à la concurrence. La présidente de la Commission Européenne semble avoir oublié que la Chine représente de loin le marché le plus important pour la vente de véhicules européens et que c’est dans l’Empire du Milieu que Mercedes-Benz s’est implanté pour y écouler ses propres véhicules. Cette même présidente devrait également savoir, avant de prendre des décisions aussi brusques que hâtives, que le plus grand équipementier automobile mondial Bosch réalise le cinquième de son chiffre d’affaires sur le territoire chinois. Son patron, Stefan Hartung, a tout mis en œuvre pour que les technologies de son groupe se retrouvent dans le plus grand nombre possible de modèles y compris chinois. «Je suis contre les politiques basées sur les tarifs douaniers car elles peuvent conduire à une réaction en chaîne difficile à maîtriser et à un accroissement de l’inflation dont une grande partie de la population serait le première à souffrir» a déclaré S.Hartung au portail financier DFN (Dow Jones Newswire). (kb & vjp)

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