Tesla brade quand BMW décolle

Allemagne – Pour écouler ses stocks de véhicules particuliers qui s’accumulent sur un ancien aérodrome de la République Démocratique Allemande, le constructeur automobile Tesla a pris la décision de compenser lui-même les aides accordées par l’Etat; lesquelles d’un montant de quelque 6.000 euros avaient été instaurées pour accélérer le tournant énergétique et limiter les émanations de CO2 dans l’atmosphère.

Depuis le début de l’année, les ventes de Tesla ont en effet chuté de 41% par rapport à la même période 2023, 64% sur le seul mois de mai. Dans une article publié par la quotidien économique Handelsblatt, le fabricant américain « ne saurait plus quoi faire de ses véhicules invendus » et c’est la raison pour laquelle il tente de désamorcer la situation en proposant des prix discount. Cette décision a été prise en parallèle à une autre pour le moins inquiétante en l’occurrence la suspension de la production. Cette dernière a été interrompue pendant quatre jours en mai et le sera pendant cinq jours en juin. Cette stratégie adoptée dans l’urgence a déjà provoqué la suppression de 400 emplois sur le site de Grüneheide qui n’aurait jamais vu le jour sans l’apport de centaines de millions d’euros d’aides publiques. Parmi les véhicules bradés se trouve plus particulièrement le modèle Y, proposé à un prix abordable et qui était censé, à ce titre, séduire un nombre conséquent d’acheteurs potentiels ce qui n’a pas été le cas. Il n’est pas à exclure que les concurrents de Tesla se retrouvent bientôt dans la même situation et soient contraints eux aussi de reconsidérer leurs prévisions en terme de ventes. Au cours des cinq derniers mois, ces dernières ont en effet chuté de 16% par rapport à l’année précédente et sur cette même période seules 12% des voitures immatriculées étaient à traction électrique, soit 140.700 unités.Tesla n’est donc pas le seul constructeur automobile à proposer une offre de véhicules supérieure à la demande. Chez Volkswagen sur les cinq premiers mois de l’année les ventes de voitures électriques ont chuté de 23% par rapport la même période de l’année dernière et chez Audi de 21%. Alors que Mercedes est parvenu à maintenir son niveau de vente, seule la stratégie de BMW s’est avérée payante.

Le crédo du chef de BMW : investir massivement dans la recherche et le développement.

E-mobilité : BMW sauve la mise

Contrairement à ses rivaux, le constructeur bavarois a adapté ses capacités d’innovation et d’adaptation aux souhaits de sa clientèle potentielle. Grâce à sa gamme de produits à la fois jeunes et populaires, il a pu écouler sur le premier trimestre de l’année en cours 590.933 véhicules, dont 13,3% étaient 100% électriques, ce qui représente un volume de 78.682 unités. BMW a par ailleurs confirmé ses forces à l’exportation, d’autant plus remarquables qu’elles sont équilibrées. 84.475 véhicules ont été livrés aux Etats-Unis (+2,4%), 188.863 en Europe hors Allemagne (+10,2%) et 49.509 sur le territoire national (+ 4,5%). Le constructeur munichois récolte déjà les fruits d’une politique d’investissement audacieuse engagée en 2020 et pensée non pas sur le court mais le long terme, c’est-à-dire jusqu’en 2030 voire 2040 ou au-delà. Le choix pris il y a quatre ans était sans équivoque et se résumait en deux mots : recherche et développement. Un nouveau bâtiment fut alors construit à proximité du site de production dans lequel travaillent à l’heure actuelle plus 5.000 chercheurs, spécialisés entre autres dans la technologie quantique et l’intelligence artificielle. Le sous-sol héberge pas moins de trois cents laboratoires et bancs d’essai, une infrastructure qui a permis de préparer à l’avenir de jeunes et talentueux développeurs de logiciels intelligents. Ce choix en direction de l’innovation, le groupe BMW le doit à son président du conseil d’administration Oliver Zipse (*) qui n’a pas hésité à s’engager sur la période 2020-2025 sur quelque trente milliards d’euros d’investissement dans la recherche. C’était le prix à payer pour d’une part combler le retard pris dans le secteur de la mobilité électrique et d’autre par s’affirmer comme leader dans la construction de véhicules électriques intelligemment numérisés et climatiquement neutres, comme le sont déjà tous les bâtiments de l’entreprise de Munich. (kb)

(*) Oliver Zipse est en soi un pur produit du groupe BMW qu’il a intégré en 1991, à l’âge de 27 ans en tant que stagiaire dans le département planification. Du 1992 à 2006, il a occupé différents postes de direction dans les domaines du développement et de la production et ce, avant d’acquérir ses premières expériences à l’international en Afrique du Sud mais aussi et surtout au Royaume-Uni où il a été nommé en 2007 directeur de l’usine Mini-Oxford. En 2015, Oliver Zipse a été nommé au conseil d’administration de BMW AG et a contribué à développer le groupe en Hongrie, en Chine et aux Etats-Unis. En 2019, il a été nommé à la tête du Conseil d’Administration et depuis il est considéré comme l’un des chefs d’entreprises les plus discrets et les plus visionnaires que compte l’Allemagne.

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