Regain de violence en République Fédérale

Allemagne – Chaque année les statistiques concernant les actes de violence perpétrés dans leur pays sont attendus avec appréhension par les Allemands qui doivent hélas une nouvelle fois déplorer un nouveau record. Le rapport qui vient d’être rendu public par l’office fédéral de la criminalité révèle en effet une augmentation inquiétante des actes de délinquance ; lesquels lorsqu’ils émanent de clans sont de plus en plus difficiles à éradiquer.

Intervention de la police suite à un cambriolage et recueil de témoignages : les Allemands s’habituent à ce type de situations.

Le nombre donne des frissons : près de six millions de délits ont été répertoriés en 2023 (5.940.667 cas exactement), ce qui signifie qu’un habitant sur quinze a été victime d’une infraction. Bien que déjà très inquiétante cette donnée ne reflète pas la réalité car elle ne concerne que les délits ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte. Fraudes aux crédits, vols à mains armées, recels, détournements de fonds, escroqueries en tous genres , trafics de drogue, insultes et menaces, violences verbales ou physiques, viols, etc. la panoplie des délinquants n’a rien à envier à celle d’un magicien de cirque. Peu importe que l’un d’entre eux soit pris la main dans le sac, ses amis prennent alors immédiatement le relais, car l’auteur des faits répréhensibles n’agit que rarement de manière solitaire. Il appartient dans la plupart des cas à des clans organisés et souvent lourdement armés. Un des membres de l’une de ces organisations, âgé de 24 ans, a été arrêté à Berlin pour avoir été impliqué dans soixante-cinq délits (!) et pourtant, malgré ce palmarès, il n’est pas garanti qu’il soit  le plus dangereux des délinquants.

Les inconnues de la criminalité « noire »

Après une accalmie due à la pandémie et au confinement, la courbe de la délinquance est repartie à la hausse dès 2022 (+5,5% par rapport à 2021) et s’est confirmée en 2023 avec une augmentation de 9,3%. Le taux d’élucidation s’est élevé à 58,4%, ce qui signifie que plus de 2,3 millions de personnes ayant pratiqué des actes illégaux ou criminels se promènent encore dans la nature. A cette criminalité officielle se greffe une criminalité dite « noire » qui n’est pas connue de la police et par conséquent ne peut être couverte par cette dernière. Pour l’évaluer et mieux coordonner les actions et la répartition des forces de l’ordre des enquêtes de victimisation sont effectuées. Elles consistent à interroger au hasard des personnes afin de savoir si elles ont été victimes d’un délit au cours d’une période donnée. La répétition de ce type d’enquêtes qui sont passées d’un rythme quinquennal à triennal permet de déterminer le rapport entre le chiffre noir et le chiffre réel. Toutefois, cette initiative qui a vu le jour en 2012 et qui a été renouvelée en 2017 et 2020, ne semble pas avoir porté les fruits que les autorités policières et judiciaires en attendaient. En ce qui concerne l’année 2023, la fraude informatique au moyen de données de cartes de paiement obtenues illégalement a augmenté de 60,3% (+ 8.130 cas par rapport à 2022), les infractions à la loi sur les autorisations de séjour, l’asile et la libre circulation de personnes de 32,3% (+ 73.080 cas), réparties en entrées illégales et séjours illégaux (+40,4% et + 28,6%). Quant à la diffusion, acquisition, possession et production de documents pornographiques pour mineurs elle a connu une hausse de 31,2% (+ 2.105 cas). Toutefois, les deux postes les plus critiques demeurent les vols à l’étalage ou sur les passants qui ont augmenté de 23,6% (+ 81.427) mais aussi et surtout le commerce, la fabrication et le trafic de cocaïne, trois activités illicites qui ont représenté un total de 734.822 délits.

La violence des et entre jeunes : un fléau dont la presse fait ses choux gras.

 Des délinquants de plus en plus jeunes

Mais le bilan 2023 confirme un phénomène intangible qui se manifeste par de fortes distorsions d’un land à l’autre. Alors que le nombre d’actes de délinquance s’élève à 7.040 pour cent mille habitants sur l’ensemble du territoire,  il dépasse les 14.000 dans la capitale qui est devenue, au cours deux dernières décennies la métropole la plus dangereuse de la République. Elle est suivie par les deux villes portuaires que sont Hambourg et Brème qui dépassent allègrement la barre des dix milles. Parallèlement au commerce illicite de drogues qui peut avoir de graves conséquences sur la santé de la population toute entière, c’est le rajeunissement des délinquants qui inquiète au plus haut point les autorités. Plusieurs faits divers impliquant des jeunes mineurs ont fait la semaine dernière la une des journaux régionaux et nationaux. Deux gamins de onze et seize ans ont commis entre 6 h. et 10 h. du matin pas moins de cinq cambriolages dont un dans une maison située à Norderstedt près de Hambourg . Grâce au signalement du propriétaire, ils ont été arrêtés et il s’est très vite  avéré qu’ils n’en étaient pas à leur premier coup d’essai. Tous deux sont hébergés dans un centre pour réfugiés et le plus jeune, d’origine marocaine, arrivé en Allemagne en novembre 2023 a déjà commis plus de 100 délits et a été arrêté 70 fois (!) par la police. Au sein du centre, il fait partie d’un gang de dix mineurs tous connus des services de police mais jamais condamnés à cause de leur âge. Face à la montée des actes de délinquance, il arrive que la police en collaboration avec des autorités en charge de la jeunesse et de l’immigration prenne l’initiative d’ effectuer des perquisitions dans des centres d’accueil. Ce fut le cas le 17 juillet dernier à Cologne où les policiers ont découvert à cette occasion huit chaînes en or, cinq téléphones portables et une paire de lunettes de très haute qualité. A proximité de ces objets volés, ils ont par ailleurs mis la main sur une petite quantité de marijuana et sur un couteau caché sous un matelas. Selon les agents de police un des adolescents présent sur les lieux aurait « opposé une résistance considérable au contrôle ». Certains agresseurs semblent beaucoup plus âgés que l’âge indiqué sur leurs papiers ce qui laisse supposer que de nombreux délinquants se prétendent mineurs pour échapper à la justice alors qu’ils ne le sont plus. Selon les statistiques policières sur la criminalité, les crimes violents chez les enfants de moins de 14 ans ont augmenté de 17, 7% en 2023 et de 14,4% dans la tranche des 14 à 18 ans. Toujours en 2023, 104.233 enfants de moins de 13 ans, dont 38% d’origine étrangère, ont été signalés comme suspects. Le problème auquel est confrontée l’Allemagne à l’instar au demeurant de tous les autres pays, provient du fait que les lois en vigueur concernent essentiellement les délits émanant des adultes. La législation demeure impuissante face aux actes commis par des individus de plus en plus jeunes. Beaucoup proposent que l’âge de la responsabilité pénale soit abaissé de quatorze à douze ans. Cette mesure, le président fédéral de la société allemande de police, Rainer Wendt, l’approuve mais à condition toutefois que la prison soit épargnée aux jeunes condamnés au profit de mesures censées aboutir à un changement de comportement à long terme. Ce genre de discours, les victimes de la délinquance juvénile l’entendent depuis des années. Depuis des années, l’Etat investit dans des structures d’accueil, recrute des animateurs et éducateurs dits « sociaux » et subventionne des milliers d’associations sans que les résultats soient à la mesure des attentes comme les statistiques le confirment. Plus l’Etat consacre des fonds à la prévention, plus les tribunaux sont surchargés. Mais le point le plus important qui n’est jamais abordé est le rôle des médias quels qu’ils soient dans le traitement de la violence. Tous préfèrent commenter les comportements répréhensibles de petits hors la loi plutôt que de s’étendre sur les actes généreux et solidaires de jeunes gens bien élevés et bien éduqués par des parents et professeurs dignes de ce nom. Pour limiter les dégâts de la délinquance juvénile, ne serait-il pas temps de se pencher sur une réalité première : tout gosse veut toujours faire mieux que son copain, le bien comme le mal et ce, dès sa plus petite enfance. C’est donc aux parents et aux parents seulement à lui apprendre à faire la différence. (kb & vjp)

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