Etat Islamiste : la guerre contre l’occident est déclarée

Allemagne/France/UE – L’auteur de l’attaque mortelle au couteau du 23 août à Solingen, qui avait d’abord pris la fuite, a été arrêté dès le lendemain. Dans les heures qui ont suivi, l’ Etat islamique (EI) a revendiqué cet acte meurtrier qui a coûté la vie à trois personnes et en a blessé huit autres dont cinq sont toujours dans un état très inquiétant. Cet événement risque d’avoir de graves conséquences sur l’avenir de la coalition au pouvoir.

L’auteur de cette barbarie est un jeune Syrien arrivé en Allemagne en 2022 et qui aurait agi pour « venger les musulmans de Palestine et de partout ». En France, un incendie criminel a eu lieu samedi devant une synagogue de La Grande Motte. L’auteur, un Algérien de 33 ans, a été arrêté. Il portait ostensiblement un drapeau palestinien et un « foulard d’Arafat ». Début août, trois concerts de la chanteuse américaine Taylor Swift ont dû être annulés à Vienne. Un sympathisant de l’IS âgé de 19 ans avait annoncé vouloir tuer en masse des participants lors de l’une de ces manifestations. Quelques jours auparavant une attaque mortelle au couteau a en outre eu lieu contre des enfants à Southport (Royaume-Uni) lors d’un cours de danse de Taylor Swift. Toutes ces actions perpétrées au nom d’Allah ont beau avoir eu lieu de manière dispersée, toutes portent en elles le même objectif en l’occurrence la déstabilisation d’un monde occidental, démocratique et « décadent. » Cet objectif est déjà atteint en Allemagne, une nation qui n’est plus en mesure depuis de nombreux mois de maîtriser la vague migratoire dont elle est à l’origine.

En 2015, Angela Merkel a ouvert les vannes de la migration sans en mesurer les conséquences.

Le bilan le plus noir de l’ère Merkel

Dix ans se sont bientôt écoulés depuis que l’ex-chancelière Angela Merkel a ouvert les frontières de son pays aux centaines de milliers de migrants fuyant, par vagues successives, les régimes totalitaires de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan. Deux événements de grande ampleur que l’ex-cheffe du gouvernement ne pouvait pas prévoir sont venus bouleverser sa politique de bienvenue. La pandémie du Covid 19 qui a abouti à un confinement dont on s’aperçoit aujourd’hui que ce sont les jeunes générations, peu ou pas contagieuses, qui en ont payé le plus lourd tribut, et la guerre en Ukraine qui a abouti à l’afflux en quelques mois de réfugiés dont le nombre s’est avéré aussi voire plus élevé que sur l’ensemble des années 2015-2018. Comparativement aux Syriens, Irakiens et Afghans, les Ukrainiens ont bénéficié d’un statut particulier. Considérés avant tout comme des citoyens européens, ils ont pu obtenir du jour au lendemain un titre de séjour et un permis de travail. Des efforts considérables ont été accomplis pour qu’ils maîtrisent le plus rapidement possible la langue et puissent s’intégrer dans le monde professionnel. Par ailleurs, ils ont profité pleinement de l’empathie manifestée à leur égard par les autorités mais aussi par une grande partie de la société civile, un atout de premier plan dont a été privée une grande majorité de nouveaux arrivants de confession musulmane. L’Allemagne s’est souvent vantée d’être une terre de migration mais elle est devenue une mosaïque de populations étrangères qui se cloisonnent dans leur monde, leurs traditions et leurs cultures tout en se révoltant les unes contre les autres. De cette réalité, sont nés des conflits entre clans soucieux de protéger leurs territoires et leurs revenus provenant de trafics douteux. Dans ce contexte, cela aurait été un miracle que le violence ne soit pas au rendez-vous. Dans ce même contexte, la police fait le travail qu’elle peut, se réjouit lorsqu’elle fait main basse sur un dépôt d’armes ou un stock de cocaïne mais elle demeure impuissante face à la délinquance au quotidien, d’autant plus difficile à éradiquer qu’elle est motivée non pas par le gain mais par une idéologie.

Des politiques impuissants

L’attaque de Solingen, où les festivités locales se sont transformées en stupeur nationale, a révélé l’incapacité des autorités et plus particulièrement des hommes et femmes politiques en fonction ou dans l’opposition à gérer la situation. Pire, plutôt que de tenir un langage commun, ils ont profité de la situation pour exacerber leurs divisions. Sur le portail t-online, le président de la fraction CSU (Union Chrétienne Sociale) au Parlement a immédiatement déclaré que « le temps des excuses en matière de migration cher au gouvernement de coalition est définitivement révolu ». Le secrétaire général de la l’Union Chrétienne Démocrate (CDU), Friedrich Merz, qui se présente comme le candidat officiel de l’opposition et potentiel futur chef de gouvernement, estime que l’actuel chancelier est en train de perdre le contrôle. Merz a proposé à Olaf Scholz de faire fi temporairement de leurs divisions pour imposer, ensemble, une endiguement de l’immigration irrégulière, un sujet ultra-sensible qui divise depuis des mois les trois formations au pouvoir. Le chef de la CDU part du principe qu’unis les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates pourraient mettre en œuvre les changements législatifs en matière de droit d’asile et passer outre les volontés des Verts et des libéraux, deux groupes qui eux-aussi ont des visions diamétralement opposées en matière de gestion de l’immigration (*). Les deux hommes se sont entretenus lors d’un petit-déjeuner que Merz a qualifié de « convivial », ce qui n’a pas empêché Olaf Scholz de demeurer réticent face à la proposition de son rival, laquelle constituerait de facto une rupture de la coalition. Dans un telle configuration politique qui prouve à quel point il est difficile de gérer un pays par le truchement d’une coalition tripartite, il ne faut pas s’attendre à des résultats rapides et tangibles en matière de sécurité.

René Springer est l’un des seuls députés à s’être exprimé au nom de l’AfD.

Une extrême-droite intelligemment discrète

Singulièrement, la formation d’extrême-droite AfD n’a pas profité de l’attentat de Solingen pour surenchérir dans la violence verbale. Le président du groupe AfD au Bundestag, René Springer, s’est contenté de déclarer sur X que « l’Etat ne peut plus garantir la sécurité de ses citoyens . Le projet Allemagne ouverte sur le monde que personne n’a choisi ou souhaité, a échoué comme on pouvait s’y attendre. Quand les responsables le comprendront-ils enfin ? ». René Springer et ses amis n’ont pas besoin de multiplier les déclarations pour convaincre leurs électeurs acquis ou potentiels, car les données officielles communiquées par l’Office Fédéral de la Criminalité, leur donnent raison. Sur le seul land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie (NRW), dans lequel est située la ville de Solingen, plus de 6.000 attaques au couteau ont été enregistrées en 2023, soit plus de 500 par mois. Ces chiffres doivent être toutefois analysés avec prudence car ils ne reflètent pas la réalité. En effet, de très nombreuses personnes ne signalent pas les actes dont elles ont été victimes par peur des représailles. Ce phénomène est plus particulièrement notable dans les petites ou moyennes agglomérations où il est impossible de garantir l’anonymat. Mais aussi inquiétante soit-elle, la criminalité au couteau ne représente que 10,7% du total des cas de violence enregistrés par les services de police et qui se sont élevés, en NRW, en 2023 à 55.855, soit plus de 150 par jour. 40,7% des suspects identifiés n’étaient pas détenteurs d’un passeport allemand, ce qui semble prouver que le violence physique est un phénomène plus profond qui se généralise en dehors des seuls critères migratoires. Toutefois, pour contrer l’ascension de l’AfD, le gouvernement se voit contraint de concentrer ses efforts sur les expulsions et dans tous les länder ont été répertoriés les ressortissants étrangers tenus, pour diverses raisons, de quitter le territoire allemand. Les premiers concernés sont naturellement les plus peuplés dont le NRW, 18,2 millions d’habitants et 59.373 personnes expulsables. Si la machine administrative avait fonctionné normalement, fin 2023, plus de 242.000 auraient dû quitter le sol allemand, or elles y sont toujours et parmi elles se trouvaient les auteurs des deux attaques de Mannheim (**) et de Solingen. Bien que n’oubliant pas le drame de la semaine, les Allemands attendent avec impatience les résultats des deux élections régionales qui vont avoir lieu ce dimanche 1er septembre dans la Thuringe et la Saxe. Deux scrutins qui risquent de provoquer l’effondrement des trois partis au pouvoir à Berlin, y compris le Parti Social Démocrate. S’il en advenait ainsi, le Chancelier Olaf Scholz se trouverait alors dans la même situation qu’Emmanuel Macron, c’est-à-dire à la tête d’un pays devenu ingouvernable. (kb & vjp)

(*) Pour qu’une loi soit adoptée rapidement, il est préférable qu’elle soit soutenue par une forte majorité au Parlement. Dans le cas de figure proposé par Friedrich Merz, le bloc CDU-CSU / SPD détiendrait un total de 403 sièges, soit 55%.

(**) https://www.pg5i.eu/lallemagne-gangrenee-par-le-terrorisme/

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