En s’attaquant à deux pays de l’UE, l’Ukraine joue avec le feu !

Ukraine/Hongrie/Slovaquie/Russie/UE – En décrétant un embargo à l’encontre de la Hongrie et de la Slovaquie sur la livraison de ressources pétrolières en provenance de Russie, le président ukrainien joue avec le feu et risque de voir cette initiative se retourner contre lui ou ses compatriotes.

Gergely Gulyas mise sur la Commission Européenne pour qu’il soit mis fin à l’embargo ukrainien.

Fin juin, l’Ukraine a stoppé le transport de pétrole LUKOIL a destination de la Hongrie et de la Slovaquie, ce qui a suscité de vives réactions tant à Budapest qu’à Bratislava. En agissant de la sorte, le gouvernement ukrainien a entravé l’accord initial qui le liait à l’Union Européenne et qui prévoyait une garantie de livraison jusqu’à la fin de l’année. Les deux pays touchés par cet embargo ont demandé alors aux autorités bruxelloises d’intervenir mais ces dernières n’ont pris jusqu’à ce jour aucune décision. Selon le vice-président de la Commission Européenne, Valdis Dombrovskis, Bruxelles aurait besoin de temps pour « procéder à une valuation juridique de la situation« . Une position à laquelle se seraient ralliés onze des vingt-six membres de l’Union. La Hongrie et la Slovaquie sont dépendantes respectivement à hauteur de 33% et de 40 voire 45% du pétrole russe fourni par LUKOIL et transitant par l’Ukraine. Toutefois, ces deux pays et plus particulièrement le premier ont la possibilité de réagir en stoppant l’exportation d’électricité dont les besoins en Ukraine sont dépendants à 40% de la seule Hongrie. Lors d’une conférence de presse qui a eu lieu la semaine dernière à Budapest, le ministre de la Chancellerie, Gergely Gulyas a déclaré que dans l’immédiat, il n’était pas dans l’intention du gouvernement hongrois « d’exercer le même chantage sur l’Ukraine qui se doit néanmoins de respecter les accords conclus. » Il n’était pas question non plus de remettre en cause l’aide humanitaire apportée aux réfugiés ukrainiens. Mais dans le cas où la Commission Européenne demeurerait silencieuse dans cette affaire, Gergely Gulyas a précisé que le gouvernement hongrois aurait le possibilité d’envisager d’autres mesures car il lui semble évident qu’en agissant de la sorte l’Ukraine enfreint les règles de la Charte de l’Energie mais aussi de l’Organisation Mondiale de la Santé. Le ministre hongrois mais aussi son collègue en charge des Affaires Européennes, Janos Boka, ont tenu à rappeler que « les succès économiques des pays européens dans le passé ont été liés au fait qu’ils pouvaient se procurer des matières premières russes à bas prix et beaucoup d’entre eux se comportent aujourd’hui de manière hypocrite en continuant à les acheter via des pays tiers ».

Le 1er ministre slovaque se considère comme pris en otage dans le conflit russo-ukrainien.

Deux otages des relation ukraino-russes

Côté slovaque, la décision ukrainienne a provoqué une réaction immédiate au sommet de l’Etat et incité le Premier Ministre Robert Fico à téléphoner à son homologue ukrainien Denys Schmuhal. Selon Fico, Kiev commet une grave erreur car les sanctions contre LUKOIL nuisent davantage aux membres de l’Union Européenne qu’à la Russie. « La Slovaquie ne veut et ne doit pas être l’otage des relations ukraino-russes » a déclaré Fico, chef de gouvernement d’un pays qui, faut-il le rappeler à accueilli plus de 130.000 réfugiés ukrainiens, soit 2,5 fois plus que France, 12,6 fois plus peuplée. A l’instar de la Hongrie, la Slovaquie n’envisage pas de remettre en cause sa politique d’accueil. Les autorités ukrainiennes ne semblent pas avoir pris conscience que leurs compatriotes exilés risquent de devenir les premières victimes de leur politique. Ces sanctions ne vont contribuer qu’à exacerber des tensions avec deux pays frontaliers qui s’efforcent de trouver des solutions alternatives à la guerre. Par ailleurs, il semblerait que ces mêmes sanctions soient inutiles car, selon le ministre des affaires étrangères hongrois, Peter Szijjarto, la Bulgarie aurait déjà proposé son soutien à la Hongrie dans l’approvisionnement alternatif en pétrole. Si la présidente de Commission nouvellement réélue, était logique avec elle-même, elle devrait alors immédiatement sanctionner trois des membres de l’Union Européenne ! (kb & vjp)

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